C’est en rentrant d’un entrainement du Club 26, après avoir discuté avec Philippe, Rémi, Guy que je me décide lors d’une soirée d’hiver d’appuyer sur le bouton "Valider votre inscription" du site organisateur de l’Etape du Tour.

Plus le choix maintenant, il va falloir rouler et grimper tout le printemps.

Après plusieurs mois de préparation avec environ 3500 km parcourus, l’heure du grand week-end arrive.

RDV est pris chez Philippe, pour un covoiturage avec Patrice C.C. Chargement des victuailles et des vélos dans le super fourgon et nous voilà partis direction La Toussuire pour rejoindre Guy, Rémi et Jean-Philippe en fin d’après-midi du vendredi.

Prise en charge du logement, attribution des lits, on file directement à l’énorme "Village Départ" chercher le dossard et regarder les stands des partenaires ou des vélos plus beaux les uns que les autres nous font de l’œil.

Repas diététique associé à quelques houblons, la soirée se passe tranquillement.

Samedi matin, c’est petit décrassage tous les 6 avec 1H15 de Vélo dont le final de la montée vers la Toussuire. L’après -midi se passe à regarder les vrais coureurs à la TV et à aller flâner sur le village afin d’acheter les dernières barres énergétiques ou gels manquants. La pression monte doucement, chacun prépare son matériel, accroche son dossard, on discute sur la stratégie alimentaire la plus adaptée à la longueur de l’épreuve, à la chaleur...

Nuit courte et agitée, il est 5h, le réveil sonne, dimanche 19 juillet c’est le jour J !

Comme il y a 15 000 participants, nous avons eu des sas de départ attribués par l’organisation avec des horaires de départ différents : GPS, Jean-Philippe et Patrice partiront dans les premiers, Guy, Rémi et moi-même presque une heure plus tard.

Le départ est à St Jean de Maurienne, à 18 km de l’appartement tout en bas dans la vallée.

Je quitte le dernier l’appartement, enfourche le bicloune et me laisse glisser prudemment dans cette descente technique et dangereuse ou déjà quelques coureurs jouent les fangios en me doublant à vitesse vertigineuse.

Les descentes, c’est mon gros stress depuis trois ans, je les aborde toujours tendu comme un arc, impossible d’en faire une de façon relâchée.

Et ça ne va pas s’arranger, arrivé presque en bas, dans un des derniers virages, un coureur est étendu sur le sol, immobile, pris en charge par le SAMU, il ne bouge pas mais semble conscient ! ( on apprendra le soir que c’est vraisemblablement très grave, ce britannique aurait perdu l’usage de ses membres dans cette chute).

Cette image ne va pas me quitter de la journée, et ne va donc pas m’aider à me lâcher.

Déjà que je ne gagne pas de temps dans les montées de cols, si j’en perds un Max dans les descentes...

Je rejoins mon sas de départ ( 1000 par sas) , il ne me reste plus qu’à patienter une heure dix avant que l’on nous lâche, je discute avec les voisins.

A l’heure ou je pars, les premiers seront déjà en haut du premier col

Mon sas est appelé sur la ligne de départ, le cardio monte un peu, nous voilà lâchés sur la route qui quitte St Jean, juste 3 kms de plat et on attaque direct le Col de chaussy (15Km à 6,3% et 1000 de D+), j’applique les consignes de mes maîtres d’apprentissage, montée en souplesse sans se mettre dans le rouge.Il fait déjà très chaud, je me fait doubler de tous les cotés, pas grave, ne se concentrer que sur mes sensations et mon rythme cardiaque. Cette première ascension passe au poil, on attaque la descente tant redoutée mais voilà que 3km plus bas, énorme bouchon avant un virage dangereux, il y a eu une chute et la configuration des lieux fait que l’on passe 20 bonnes minutes à piétiner.

Arrivé en bas sans encombre, non sans m’être fait couper la trajectoire par quelques kamikazes, c’est une partie de 30km de vallée avec tout de même deux jolies cotes qui se présente. Je m’évertue à rester dans les roues afin d’éviter le vent de face qui souffle à ce moment, je m’alimente, je m’hydrate beaucoup, j’essaie de ne rien oublier.

Cette vallée nous amène au pied de l’énorme difficulté de cette étape, l’ascension du Col du Glandon et de la Croix de Fer ( Cols Hors catégorie, 22,5 km à 7% et 1500m de D+).

Les copains m’ont dit que les trois derniers km étaient abominables et qu’il fallait donc être très sage dans toute la première partie.

Il fait très chaud, les premières défaillances arrivent, les gens s’arrêtent à l’ombre ou aux abords des petits ruisseaux, certains marchent déjà à coté de leur vélo, on est pourtant très loin de la ligne.

La fin de l’ascension sera compliquée, je chute ( en montée , si, si !) à cause d’un nouveau bouchon causé par une ambulance au milieu de la route.La chaussée est étroite et la pente à plus de 10%, je n’ai pas réussi à déchausser à temps et Vlan, je m’étale de tout mon long sur le coté gauche.Le vélo n’a rien, le bonhomme quelques égratignures...le moral par contre lui en a pris un coup.Impossible de repartir dans du 11%, les crampes apparaissent à l’intérieur des deux cuisses.Je décide de finir les deux derniers km en marchant, en espérant ainsi récupérer.

Ouf, c’est fait, le plus dur est passé mais il reste encore deux cols et une soixantaine de bornes. En bas de la descente, on attaque directement avec le Col du Mollard ( qui est un endroit bien plus joli que son nom le laisse penser) , il est court mais fait mal aux guiboles. Beaucoup de coureurs sont allongés sur les bas cotés et tentent de récupérer( il y aura beaucoup de hors délai à cet endroit).S’ensuit la vertigineuse descente vers St Jean de Maurienne avec de nombreux virages en épingle, je me fais dépasser par de nombreux équilibristes que je redoublerai un peu plus loin. hé hé !

Pas de temps à perdre au dernier ravitaillement, eau fraîche dans mes deux bidons et deux gels, cela fait déjà 8 heures que je suis parti et me voilà au pied de la dernière ascension. 18 km à 6,1% et presque 1000 de D+.

18 km ce n’est rien, mais je me dis qu’il faudra entre 1h45 et 2h en fonction de ce qu’il me restera dans le sac.

Les trois premiers km sont hards, c’est l’hécatombe, il y a bientôt plus de marcheurs que de cyclistes, mais étrangement je me sens bien, je tombe quelques vitesses et commence à appuyer sur les pédales.

Le cardio ne bronche pas, je m’enflamme un peu et double des paquets de coureurs.

Me suis vu un peu trop beau, trop tôt, car les 7 derniers km seront pénibles mais voilà , l’envie d’aller rejoindre les copains ( dont je n’ai pas de nouvelles mais dont je suis certains qu’ils en ont tous terminé) est forte, très forte.

Entrée dans la Toussuire, un dernier coup de cul de 400 m à passer et ensuite les 500 derniers mètres sont plats, il y a plein de monde à encourager, à applaudir !Je passe la ligne, le sourire aux lèvres et avec un grand sentiment de fierté ! Ce n’est pas un exploit que je viens de réaliser loin de là mais la réussite d’un objectif sportif qu’on a préparé du mieux possible avec ses petits moyens physiques , c’est beau, c’est grisant...c’est le pied quoi !!!

Mathieu